L'automne envahissait de ses légères feuilles dorées l'humide humus des chênes sessiles. Et puis, de rares champignons rongés par des limaces laissaient perler l'eau cristalline de la rosée sur leur chapeau. C'est ici que naquit Shaolin, sur cette terre froide lovée au coeur de la forêt des brumes. Abandonné dès l'accouchement, fils d'une mère trop jeune pour être mariée, il dû, dès son plus jeune âge, ne compter que sur lui même.
Son sang orque lui permit de tenir les rigueurs du climat, et d'acquérir une autonomie nécessaire à sa survie dès ses premières heures. Nourri de carcasses de cervidés et de champignons amers, sa force de caractère et de conviction n'en furent que plus acérés. Éternel solitaire, il dédaignai toute aide, toute complaisance des villages voisins, préférant sa cabane arboricole perchée au dessus du brouillard à l'agitation des grandes communautés.
Les murmures des geais, le bruissement des feuilles, la terre remuée par les vers... Cela seul s'intègre à son univers.
C'est durant son adolescence, qu'il rencontra les autochtones de la forêt. Ces grands êtres blancs que l'on nomme elfes. Ils étaient visiblement intrigués d'avoir un jeune orque sur leur territoire, et suivant leur instinct, il s'en méfiaient. Ces relations changèrent, le jour où Shaolin rencontra Léolas au détour d'une sinistre aventure. Piégés tous deux par une horde d'araignées géantes, ils durent coopérer pour assurer leur fuite. Dès lors Shaolin entreprit de réguliers échanges avec le village voisin des elfes, notamment pour y recevoir des enseignements magiques.
La nature des elfes est posée, silencieuse, et c'est peut-être pourquoi Shaolin n'apprécie les relations communautaires qu'en leur compagnie. En grandissant, l'histoire de ce jeune magicien né de la terre des arbres se répandit au-delà des brumes, parmi ses congénaires des marais. On le nomme d'ailleurs parmi les orques, "Shaolin quolam streej" ce qui signifie littéralement "L'arbre qui serpente".